Elle et moi.
Elle ? C’est ma mère. Une femme. Elle se pense forte, car elle suit ses pulsions …
Ni dieu, ni maître. Sa seule défense par rapport à moi : à cette époque il n’existe pas de contraception pour les femmes !
Moi ? Son enfant … L’enfant qui espérait qu’un jour sa mère apprécie le bonheur d’avoir eu la petite fille que j’étais.
Elle ? Elle sort le soir et finit par devenir l’esclave de ses pulsions. Elle boit plus qu’il ne faut, rentre très tard (où très tôt le matin !) malade d’alcool !
Moi ? Inquiète, je la veille, la laisse dormir, disant aux autres :
- « Maman se repose, elle est fatiguée. » en me persuadant que cela est normal !
Puis il y a « les amis » de maman ! Ils aiment rire, boire, dormir avec elle, et moi je vois tout cela. Je suis un peu triste, mais je ne le montre pas. Je défends maman !
Je suis souvent seule, mais quand je pleure c’est en me blottissant contre ma chienne. Devant maman je suis souriante.
Faut dire que maman a souvent mauvais moral. Elle pleure. Elle dit qu’elle n’a pas de chance, que les autres ne la comprennent pas. Alors moi je suis en colère contre ces hommes qui font pleurer ma maman, et j’essaie de l’aider.
Je ne le fais pas voir mais souvent j’ai peur de la voir souffrir.Pourtant, elle le dit bien haut, maman ! Elle s’assume.Mais elle provoque, elle fait n’importe quoi… et après je la réconforte.
A présent que je suis une femme, j’ai compris. Etre une femme libre, c’est pouvoir vivre sans avoir besoin d’alcool. C’est pouvoir assumer sa liberté, ou alors partager sa vie avec un compagnon, mais dans la dignité.
Oui, elle m’a montré tout ce qui avilit une femme qui se croit forte mais n’est pas capable de s’imposer quoi que ce soit !
Ma mère, je l’aime toujours. Je sais quelle n’a même pas été heureuse.
Elle qui aimait tant s’amuser, « s’éclater » ! En fait je sais qu’elle n’a été qu’une pauvre femme, victime d’elle même. !
Moi ? Tout le monde me dit forte, dure, entière ……. Allez savoir ! Pas facile la vie !
Mais j’aime la joie et la douceur, la sincérité, les violettes et les orchidées, les oiseaux en liberté, et les poissons quand ils ne sont pas prisonniers d’un bocal ! Oui j’aime la liberté !!!
jeannette insurgé