L’envie.
Dans mon placard tapement sourd
M’étonne et me laisse surprise !
Mon pauvre sang ne fait qu’un tour
Grande frayeur me paralyse !
Je me dis « voyons tu es bête ! »
Tu as imaginé ce bruit !
Mais bientôt le son se répète
Une panique me saisit !
Comme empreinte d’un grand courage !
J’ose ouvrir cette porte enfin !
En dessous d’un joli corsage
Point de monstre ni de vilain !
Le bruit émane du tiroir,
Je le tire alors brusquement !
Là un pinceau poilu et noir
Va me confier son grand tourment :
« Je m’ennuie trop sans la peinture !
Sans toile blanche à caresser !
Laisse un peu tomber l’écriture,
Et remets-toi à dessiner !
Ne nous laisse donc pas stériles,
Sors tes couleurs et marie-nous !
Tache tes doigts avec tes huiles
Repos forcé nous rend tous fous. »
Dans mes mains une envie fourmille,
De mes outils je me saisis !
Dans mes yeux le désir pétille
Cette idée mon cœur a conquis !
Au sous-sol mes toiles attendent,
Je vais les chercher prestement,
Dans des gestes qui me détendent
Le blanc s’étale largement.
2006.