Son Père, renee jeanne et Mirabelle.
Alfred Desrochers (1901-1978) «montrait un vrai talent. À l’ombre de l’Orford est souvent digne d’un bon écrivain. Le vers en est plein, si les sonorités un peu bruyantes étourdissent le lecteur amoureux d’intimités.» (Berthelot Brunet)
LE LABOUR
Le clair après-midi vers l'occident s'incline
Et l'ombre, au gré du vent, sous les arbres, s'ébat,
Cependant qu'éventrant la tourbe qu'il rabat,
Le coutre met à nu la gelée hyaline.
L'argile retournée, au bas de la colline,
Parmi le chaume étend ses nuances tabac,
Et la forêt, sur qui le jour vernal tomba,
Entremêle à ce brun des teintes de sanguine.
Une corneille, en tournoyant, descend parfois,
Qui vient d'apercevoir, dans les sillons étroits,
L'éclair d'un ver de terre auprès de l'herbe écrue;
Et quand le laboureur, là-bas, près d'un ormeau,
Fait retourner son attelage, la charrue
Émet un reflet bleu comme un col d'étourneau.
(À l'ombre de l'Orford, 1930)