J’ai connu des moments de tristesse profonde,
Des jours de spleen trop gris, où seule je vivais
Sans partager le pain et l’eau que je buvais,
Tant me nourrir était à l’opposé du monde.
La chair tendre des bras, abîmés par la sonde,
Arborait des couleurs, qu’hélas je conservais.
Consciente du mal qu’en moi je couvais,
Je me sentais partir comme une moribonde.
Se pouvait-il vraiment que meurent mes projets,
Mes désirs d’exister, sans avoir les rejets
De sentiments ardents obligés de se taire ?
Le ruban qui restait devenait si menu,
Que je me voyais prête à percer le mystère,
Tant le fil fatigué me paraissait ténu.