Dis ? Tu te souviens ?
D'avoir trottiné le monde
à travers la fenêtre
pendant que sur la mappemonde
les pays se donnaient des frontières,
que les richesses sortaient de terre,
qu'il y avait des Histoires et des Conquêtes.
D'être grimpé aux arbres
et même sur le toit des greniers
pour être plus près de la Vérité
en pensant qu'il te serait pardonné
d'avoir si peu étudié.
D'avoir fait le singe grimaçant
des bajoues à tous les passants.
De ce bout de ciel
que dessinait Isabelle
à la dernière case de la marelle
pour qu'en sautillant unijambiste
jusqu'aux nuages de l'artiste
tomber dans ses bras à elle
et recevoir son baiser donnant des ailes.
D'une brosse
prenant son envol
pour s'écraser sur la palette
vivement levée comme une raquette;
un coup-fourré du Prof-Compté
ou de l'Anglaise-Enragée.
D'avoir continué à lire, lire toujours
même après les cours...
Des jours fébriles des études,
du doute et de l'incertude,
de ce qui allait advenir,
de cette année à finir,
des examens à écrire,
de ne plus sourire
dans la peur d'échouer
dans la honte si doublé.
Bon Dieu Isabelle !
Ramasse tes bébelles.
Quittons le chalet de ton père et son lac.
Faut passer le Bac !
Éloix, un jour cadet.
(2002)