Que sais-je
De ce ciel qui plane là-haut
De ces vivants en bas
De ces fils et filles
De cette terre
De ses mers
De ce Père
Qui à tout cela prêta vie
Que sais-je?
Que sais-je
De la route à suivre
De la vie à vivre
Des sentiers de ronces
Des morts à l’âme à enterrer
Des jardins aux roses éphémères
Que sais-je
Des lilas au parfum de mai
Des œillets de juillet
Des amours mariées
Des moiteurs de l’été
La nudité des baisers
Le kiosque des musiciens
Où la nuit
Le Hiboux vient brailler
Le divorce des fils et filles de juillet
Alors que le mois d’août
Mûrit leur fenaison
Qu’il faudra engranger
En pigeonnier
Que sais-je
Vont-ils quand même apprendre à voler ?
Où étiez-vous mère, père
Quand on m’a jeté bas du paradis ?
Que sais-je
De la genèse
Est-ce l’histoire qu’on ma racontée ?
Est-ce la science aux vérités ?
L’univers
Le soleil
La terre
La mer
C’est grand tu sais
De savoir que nous sommes si petits
Croire que nous sommes géants
Vieillir alors que la pureté est enfant
On dit que la sagesse est l’apanage de l’expérience
Que la connaissance vient des ans
Et pourtant
Que sais-je d’avant et après?
Que sais-je
Le Temps
Relativité
Nativité en double vie
Sommes-nous fils et filles
En même temps que jumeaux
Que sais-je
De la folie
Du génie
De la ligne droite et des parallèles
Des algorithmes et de la géométrie
Du monde, des gens, des animaux, des espaces
Quand je lève les yeux je ne vois que la courbe de l’air
Posée tel un dôme
Sur les vallées, les montagnes
J’ai le goût de le renverser
Et voir les fils et les filles battre les bra
Voulant survivre
Et les oiseaux apprendre à labourer
Se cultiver de la parole et l’esprit
Puis, quelle diablerie en moi,
De redresser la courbe céleste
Oups ! Tout va en trou noir
Le père devra tout recommencer
Fracasser les astres
Et redistribuer
L’eau de la rivière à la roue
La glaise à… Abel
La côte aux os opalins à Annabelle
Le levant à l’ouest
La lune doublée
Pour mieux inspirer la sérénade
Ou hurler au désert des oubliés
Et fils et filles recommencer
À aimer, multiplier
Bâtir des foyers
Laisser les Messagers
Habiter les pigeonniers
Y cogiter leurre-voie de la pierre
Dans la fiente de leur imaginaire
Que sais-je
De ce ciel qui plane là-haut
De ces vivants en bas
De ces fils et filles
Du Souffle dans le vent
Du mur qui le fe
M’écartèle d’orient à occident
M’inhibe
D’Omniscient.
Éloix
Écho
19 novembre 2011