Au printemps, je renais.
Les grands froids s'éloignent et doucement je m'éveille.
Au faîte de mon être, ma peau commence à se détendre.
Elle se craquèle puis elle s'ouvre.
Elle libère ma pousse qui s'étire et monte, monte.
Bientôt je sens la caresse de l’air sur le bourgeon de ma tige.
Ah ! Quel bonheur ! Quelle ivresse après ces mois de léthargie !
Emergeant de ce long sommeil, je renais enfin.
Pendant l'hiver, mes deux bulbilles sont restées collées à moi.
Elles auront besoin de la richesse de notre mère la terre pour grossir
et laisser leurs couleurs s'épanouir un jour de printemps.
Ha ! Que cette saison est douce. C'est grâce à elle que je peux me baigner au cœur du jour.
Elle me permet d’éclore, de vibrer et de danser dans le vent.
J'ai pris de la hauteur.
Ma tête encore verte laisse deviner le mauve de ma future robe perroquet.
Empreinte de délicatesse, je vais m'ouvrir sous la chaleur
et ma frisure froufroutera dans le souffle d'Eole.
Qu'il est doux de sentir mes pétales palpiter sous le soleil qui perce les nuages.
Mon épanouissement sera éphémère, aussi, je vais en savourer chaque seconde.
Il sera si intense qu'il me comblera une année entière.
Quand ma tige sera étêtée, je reprendrai des forces
avant de disparaître à l’abri de ma rondeur.
Sous la surface de mon berceau fleuri,
J’attendrai que le cycle de la vie m’envoie un signe.
Dame Tulipe